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  • Photo du rédacteurECO2 Initiative

Du Bilan Carbone® à ACT, quelles avancées pour aider les entreprises dans leur stratégie climat ?

Plus les connaissances sur le climat ont progressé, plus il a été clair que les entreprises devaient contribuer elles aussi à la lutte contre le changement climatique. Mais pas n’importe comment ; il fallait commencer par la base : évaluer la contribution de l’entreprise à ce phénomène avant de trouver le moyen d’y remédier. Comme le rappelle le rapport de Carbone 4 “Faire sa part”, “les entreprises ne pourront rien faire à la bonne échelle sans commencer par mesurer, avec le même degré de granularité que la comptabilité économique, leur dépendance aux énergies fossiles.”


De nombreux outils d’accompagnement en stratégie carbone ont vu le jour, au point qu’il est parfois difficile de les distinguer les uns des autres. Qu’est ce qui explique leur nombre ? Les nouvelles méthodes ont-elles du sens et un intérêt particulier par rapport à celles qui préexistaient ?



La naissance des méthodologies, déjà dissonante


Dans les années 2000 naissent deux initiatives concomitantes et complémentaires dans les démarches environnementales pour les entreprises. Elles donnent le coup d’envoi de 30 ans de recherches et de développements sur le sujet.


D’un côté, la création du Bilan Carbone® en 2002 par Jean-Marc Jancovici, diffusé par l’Ademe, puis par l’Association Bilan Carbone depuis 2011: il permet aux entreprises de comprendre l’enjeu stratégique de leurs émissions de gaz à effet de serre en les comptabilisant, puis en analysant le résultat selon une logique de risque (augmentation du prix des hydrocarbures fossiles, mise en place d’une taxe carbone). La méthode prévoit aussi, finalement, l’identification de pistes d’action pour la réduction des émissions.

Le Bilan Carbone® utilise au départ sa propre base de données de facteurs d’émissions, qui est vite devenue la base de référence de fait à l’échelle nationale sur le sujet ; elle l’est devenue officiellement à partir de 2011 en devenant la Base Carbone®, désormais indépendante du Bilan Carbone® et toujours gérée par l’ADEME. Le Bilan Carbone® prévoit également une mise à jour régulière du bilan pour en observer l’évolution.


De l’autre côté, le GHG-Protocol, (qui consiste également en une méthode de comptabilité des gaz à effet de serre de l’entreprise) a lui été créé dans une perspective de reporting extra-financier, complémentaire à la perspective stratégique du Bilan Carbone®. Les émissions comptabilisées y sont donc organisées selon le degré de responsabilité de l’entreprise, ce qui donne lieu aux fameux “scopes” 1, 2 et 3. Il comprend une vérification par une tierce partie. A l’inverse du Bilan Carbone®, il détaille les modalités selon lesquelles l’entreprise doit communiquer sur son impact climat, mais il est peu pratique. Par exemple, il ne propose pas de base de données de facteurs d’émissions.



Une réglementation divergente avec le Bilan Carbone®


C’est pourtant le GHG Protocol - et non le Bilan Carbone® - qui a inspiré la première version de la norme ISO 14064-1 dans les années 2000. Adopté par les grandes entreprises dès cette époque, il est de fait aujourd’hui la référence à l’échelle internationale en matière de bilan des émissions de gaz à effet de serre des entreprises [Bilan GES].

Parce que les réglementations nationales s’appuient naturellement sur les normes ISO lorsqu’elles existent, c’est aussi indirectement le GHG Protocol et non le Bilan Carbone® qu’on reconnaît dans le bilan d’émissions de gaz à effet de serre réglementaire [BEGES-R], mis en place en France à partir de 2012.


Ainsi, en France, coexistent depuis bientôt 10 ans deux méthodes, le Bilan Carbone® et le BEGES-R, qui prennent deux perspectives complètement différentes - la stratégie (risque) et le reporting (responsabilité) - et sont de fait bien différentes. Le caractère tout-terrain de l’outil tableur Bilan Carbone® lui permet bien de produire les résultats d’un Bilan GES sous tous les formats souhaitables et minimise la gêne occasionnée… il reste que cela génère toujours pas mal de confusion !

Les tous derniers développements - du côté de l’ISO14064-1 en 2018 puis, en ce moment-même du côté du BEGES-R - sont en train de modifier un peu la donne pour les prochaines années… nous y reviendrons dans un prochain article !



Le Bilan GES, socle par nature de la stratégie climat de l’entreprise


Au-delà de leurs spécificités, décrites par ailleurs, le BEGES-R et le Bilan Carbone® permettent :

  • de monter en compétence sur le sujet, d’impliquer l’ensemble de ses salariés dans la stratégie environnementale de l’entreprise de leur permettre d’y contribuer,

  • d’établir le profil des émissions de gaz à effet de serre occasionnées directement et indirectement par l’entreprise, et

  • de hiérarchiser ainsi ses enjeux climat et d’identifier ses leviers pour réduire son impact (et sa vulnérabilité, selon l’angle qu’on choisit).


Le BEGES-R est obligatoire pour toutes les entreprises de 500 salariés en France métropolitaine (250 salariés Outre-Mer) et doit être mis à jour tous les 4 ans. Le Bilan Carbone®, lui, est purement volontaire et recommande également une mise à jour très régulière. Malgré une adoption insuffisante par les entreprises, certaines en exploitent pleinement les qualités : il a même fait l’objet de distinctions spécifiques pour des entreprises particulièrement engagées dans sa réalisation.


Quantifier l’impact de l’action : QuantiGES est là pour ça


Mettre en place des actions ciblées, c’est bien. Se donner des objectifs de réduction, c’est mieux. Établir un plan d’action, c’est encore mieux. Mais comment faire savoir si votre plan d’action va avoir l’effet escompté ? Ou quel va être l’effet de telle ou telle mesure ?

C’est là qu’intervient un second outil de mesure complémentaire : QuantiGES, une méthode qui propose cette fois de quantifier l’impact de réduction GES, action par action.


À noter, pour aider les entreprises à utiliser QuantiGES, des fiches sectorielles ont été créées, ainsi que des fiches exemples d’actions de réduction. Ensemble, elles permettent de balayer une diversité d’actions de réduction des GES possibles, prises par des entreprises ou des collectivités.


Si les Bilan Carbone® et BEGES-R ont aidé les entreprises à gagner en transparence, en connaissance sur leurs impacts et sur la comptabilité, il restait que cette logique de réduction d’objectifs ne s’intégrait pas forcément dans une perspective réaliste ou ambitieuse : chaque entreprise pouvait choisir son niveau d’engagement et ses objectifs.



Crédits photo : @Bigstock



Au-delà du Bilan GES, deux principales références internationales pour le reporting climat


Depuis la création du GHG Protocol et de l’ISO, et dans une logique plus globale d’investissement responsable, et de décarbonation des secteurs émetteurs, des acteurs ont mis en place une manière de hiérarchiser les entreprises selon la maturité de leur stratégie climat.

  • Le Climate Change Information Request mis en place par l’ONG CDP est un questionnaire d’évaluation de la stratégie climat de l’entreprise, qui permet ensuite aux investisseurs de prendre connaissance des scores des entreprises, si toutefois l’entreprise souhaite le rendre public ; notez que, ce reporting climat ne propose aucune méthode de comptabilité sur les GES et se fonde de ce point de vue sur le GHG Protocol.

  • Les recommandations de la Task Force on Climate-Related Financial Disclosures (TCFD), qui précise les thématiques et formes souhaitables du reporting de leur risque climat par les entreprises. La TCFD aide à la fois les entreprises et les parties prenantes en leur fixant un cadre de référence commun.

Justement, pour l’entreprise, comment créer un niveau d’ambition et des objectifs pertinents dans un monde en évolution ? Comment élaborer un scénario qui ne soit pas hors sol, mais bien en phase avec l’ampleur et le rythme de la transition climat telle qu’il nous faut la mener ?


L’après Bilan Carbone® : l’avènement des Science-Based Targets et des méthodes ACT


La Sectoral Decarbonization Approach (SDA) a été développée par la Science-Based Targets Initiative pour traduire les objectifs internationaux résultant de l’Accord de Paris en trajectoires de décarbonation souhaitables pour les principaux secteurs d’activité dans le monde . Centrée sur les secteurs les plus émetteurs, elle propose aux entreprises d’aller plus loin que la comptabilité et le plan d’actions en se fixant des objectifs compatibles avec le scénario 2°C du GIEC, voire désormais avec son scénario 1,5°C. C’est la méthode la plus utilisée par les entreprises aujourd’hui pour se fixer des objectifs alignés avec la science. Elle prend donc le parti résolu d’une stratégie climat en accord avec les exigences d’une transition bas carbone selon les scénarios les plus ambitieux décrits par le GIEC.


Viser le bon niveau d'ambition, c’est bien ! Mais comment concevoir la stratégie qui permettra d’en être à la hauteur ?


Initiative récente portée conjointement par l’ADEME et le CDP, ACT® (Assessing Low Carbon Transition) offre aujourd’hui l’approche “après-bilan” la plus complète, en proposant :

  • un accompagnement stratégique avec ACT Pas-à-Pas, qui suppose pour chaque entreprise postulant d’avoir déjà réalisé un Bilan Carbone®, puis propose un accompagnement par secteur d’activité, qui inclut un benchmark d’organisations et différents outils complémentaires et méthodologies sectorielles pour répondre aux besoins des entreprises

  • un audit de la stratégie climat de l’entreprise avec ACT Evaluation, qui s’appuie sur des corpus méthodologiques existants tels que la SDA, mais qui est une analyse 360° dépassant largement le seul thème des objectifs ; l’audit peut être demandé par l’entreprise elle-même, comme par un investisseur ou un client. L’initiative ACT® combine donc à la fois une méthode de comptabilité carbone, une analyse des scénarios, la mobilisation des salariés de l’entreprise, un plan de transition, la création de trajectoires 2°C compatibles, et elle est adaptée aux formats de reportings extra financiers existants au niveau international.


Vers une règlementation qui intègre ACT ?


Le foisonnement des initiatives, des méthodes et des outils mis à disposition des entreprises doit être vu comme une bonne nouvelle. Il est le marqueur de deux (au moins) évolutions récentes, tangibles et essentielles pour l’accélération de la transition : l’appropriation par le monde de la finance des enjeux de risques associés à la transition climat d’une part, la mise à disposition des entreprises de trajectoires de décarbonation concrètes et suffisamment crédibles pour qu’elles choisissent de se les approprier.

Longtemps laissées sans réelle solution clé en main leur permettant de passer à l’action en confiance sur le climat, elles disposent aujourd’hui des bons outils. Une excuse de moins, serait-on tenté de dire… qui se combine avec une bonne raison en plus d’avancer, puisque les investisseurs et analystes financiers se montrent de plus en plus attentifs, voire exigeants, sur le sujet.


Presque 20 ans après le Bilan Carbone®, l’initiative ACT - impulsée par l’ADEME - est également d’origine française. C’est une excellente nouvelle pour nos entreprises, pour lesquelles l’accès à ACT Pas-à-Pas et ACT Evaluation en est facilité d’autant, par exemple via les dispositifs Tremplin et Programme volontaire français portés par l’ADEME, ou via l’Accélérateur Décarbonation de Bpifrance qui verra le jour avant la fin de l’année.


Le déploiement du Bilan Carbone® lui aussi a bénéficié de subventions ADEME avant que son succès se traduise par son inscription dans la réglementation... Pour ACT, rendez-vous dans 10 ans ?



Pour aller plus loin :


Depuis 16 ans, ECO2 Initiative accompagne les collectivités, entreprises et associations à réduire leur impact et/ou amorcer une transition plus ambitieuse. Elle dispose de 3 conseillers formés à ACT Pas-à-Pas pour accompagner les entreprises, mais aussi de 6 conseillers accompagnant les entreprises dans la réalisation du diagnostic Décarbon’Action. Contactez- les : contact@eco2initiative.com




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