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  • Photo du rédacteurAndré Pedrosa Rodrigues, ECO2 Initiative

Transports et mobilité : et si on encourageait les déplacements à vélo ?


En 2019, le secteur des transports représentait en France 31% des émissions de gaz à effet de serre (GES)

C’est de loin l’activité qui contribue le plus à ces émissions, devant l’agriculture et le secteur résidentiel tertiaire, et le seul secteur d’activité dont les émissions ont continué d’augmenter sur la période 1990-2019 (+9%). Un constat d’autant plus frappant, quand on sait que les Français se déplacent en moyenne 10h et parcourent 400 km par semaine, principalement pour se rendre sur leur lieu de travail, et majoritairement en autosolisme.


Par ailleurs, on observe depuis les deux dernières années une certaine évolution des pratiques de mobilité, initiée par la crise Covid-19 et la mise en place de divers dispositifs, tels que les aménagements cyclables temporaires ou le « coup de pouce vélo ». Une évolution qui s’ajoute à la création de la loi d’orientation des mobilités publiée en 2019, qui vient définir les modalités de ce qui pourra permettre d’atteindre l’objectif de la Stratégie Nationale Bas Carbone de réduction de 28% des émissions de CO2 liées aux transports en 2030 par rapport à 2015 (et le plan « Vélo et mobilités actives » à l’intérieur de celle-ci qui vise de tripler la part modale du vélo, la faisant passer de 3% en 2018 à 9% en 2024).


Alors, dans un tel contexte, comment faire pour augmenter les parts modales des mobilités actives, afin de réduire l’impact environnemental des déplacements ?



Pour les employeurs


Plusieurs leviers existent pour permettre d’augmenter l’utilisation du vélo comme mode de transport :

  • Le plan de mobilité : il permet de réaliser un état des lieux puis de définir un plan d’actions en accord avec le contexte de l’entreprise. Depuis 2020, l’amélioration des mobilités domicile-travail est un sujet obligatoire lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) pour tout établissement de plus de 50 salariés sur un même site, ou les entreprises situées sur un plan de déplacement urbain. En cas d’échec de celles-ci, la réalisation d’un plan de mobilité est obligatoire ;

  • Les incitations financières et les équipements : d’après « l’enquête vélo et employeurs » réalisée par Ekodev en 2020, plus de la moitié des répondants ne bénéficient d’aucune incitation financière à la pratique d’une mobilité durable, et les 2/3 d’entre eux indiquent que les capacités d’accueil sont insuffisantes dans leur entreprise. La principale action qui inciterait les employés à utiliser le vélo pour les trajets domicile-travail est l’aménagement d’installations dédiées (douches, vestiaires, casiers…). En matière d’incitations financières, c’est le forfait mobilités durables qui en est la référence depuis 2020 (prenant le relais de l’indemnité kilométrique vélo « historique »). Ce forfait peut s’élever jusqu’à 500€/an/salarié exonérés d’impôts et de charges sociales. Quant aux actions à mettre en place au sein de votre entreprise, elles peuvent être très diverses : parkings vélo, douches & vestiaires, formations, sensibilisation, ateliers de réparation, vélos de fonction…

Un exemple d’initiative pionnière sur ce sujet est le programme objectif employeur pro-velo qui vise à accompagner 4500 employeurs dans le développement d’une culture vélo au sein de leurs établissements en proposant un parcours d’accompagnement sur mesure...



Dans les territoires


Depuis 2021, ce sont les autorités organisatrices de la mobilité (AOM) qui ont la compétence mobilité sur leur territoire, et celle-ci peut s’appliquer à plusieurs échelles : métropoles, communautés urbaines, communautés d’agglomérations, communautés de communes, ou encore la région. Dans tous les cas, les moyens d’agir pour développer les déplacements actifs sont nombreux :

  • La planification est l’élément clé pour une transformation de la mobilité réussie. Il s’agit de profiter de l’élaboration des documents de stratégie et de planification (réglementaires : PLU(i), PDU, SCOT ou volontaires : plan piéton, schéma directeur vélo, schéma modes actifs…) pour aller vers un environnement favorable aux mobilités actives ;

  • Travailler sur les aménagements afin de rendre les infrastructures existantes plus sécurisantes pour les tous usagers et bien penser les nouvelles. Pour cela, le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) met à disposition un ensemble de ressources sur la mobilité et en particulier sur les aménagements cyclables ;

  • Communiquer et faire la promotion des mobilités actives afin de changer le regard sur ces modes de déplacement et montrer aux citoyens que ce sont des alternatives pertinentes pour eux ;

  • Développer plus de services aux usagers afin de les inciter à être actifs pour leur mobilité : vélos partagés (libre-service, ou location longue durée), ateliers de réparation, bourses aux vélos, vélo-écoles, appels à projet innovation, tourisme…

  • Pour la mise en place de toutes ces actions, le rapprochement avec les associations d’usagers locaux est nécessaire pour faire en sorte que vos efforts s’appliquent là où ils sont les plus efficaces et que les actions se fassent en concertation avec ceux-ci. Vous pouvez consulter l’annuaire des membres de la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) pour trouver les associations proches de votre collectivité ;

  • Beaucoup de ressources existent pour vous aider à faire le premier pas. Le guide « Développer le système vélo dans les territoires » publié par l’ADEME est très complet et fournit des informations pratiques étape par étape pour mener à bien une politique vélo dans les territoires. Vous pouvez également vous rapprocher du Club des villes et territoires cyclables et marchables ou de l’association Vélo & Territoires.


Des initiatives ambitieuses voient le jour autant dans les métropoles que dans les territoires ruraux :

  • La mise en place du RER Vélo, une initiative proposée par le collectif vélo île-de-France que la région Île-de-France a décidé de soutenir, afin de parvenir à l’aménagement de 9 itinéraires totalisant 680km sécurisés, continus, efficaces et à haut niveau de service ;

  • La communauté de communes du Clunisois a elle décidé de faire partenariat avec l’association locale La Vie Cyclette pour travailler à développer la pratique du vélo au quotidien. La politique cyclable repose sur trois axes majeurs : l’élaboration du schéma directeur cyclable pour renforcer la sécurité, le développement de services et l’organisation d’animations et de sensibilisation aux modes actifs.


Crédits photo : @Bigstock



Pour les (potentiels) cyclistes


Ami citoyen, si vous souhaitez vous mettre à utiliser le vélo pour vos déplacements, et ne savez pas encore trop comment vous y prendre ou avez des craintes, voici quelques conseils :

  • Bien vous équiper : vélo, éclairage, accessoires, gestion de la météo...

o Si vous n’avez pas de vélo vous pouvez vous tourner vers les solutions de vélo partagé ou en location lorsqu’ils existent près de chez vous, ou simplement en acheter d’occasion (vous en trouverez à bas prix dans les plateformes classiques de vente entre particuliers) ;

o Si vous en avez un il est temps de le sortir du garage et de le faire réviser ou réparer ;

  • Si vous n’êtes pas à l’aise sur un vélo rapprochez-vous de l’une des quelques 200 vélo-écoles pour adultes en France ;

  • Appropriez-vous les règles de bonne conduite et de circulation à vélo ;

  • Planifiez votre itinéraire avec un outil dédié au vélo ;

  • En complément, il existe des guides détaillés pour bien commencer à se déplacer en vélo et qui peuvent répondent à beaucoup de questions :

o « Le guide du vélotaf » par Décathlon ;

  • Enfin, si vous sentez que les conditions ne sont pas réunies sur vos lieux de vie et de travail pour que vous puissiez vous déplacer sereinement à vélo, rapprochez-vous d’une association d’usagers locale qui pourra vous accompagner à entrer en contact avec votre entreprise ou votre collectivité afin de signaler les problèmes et d’essayer d’y trouver des solutions. Ou à défaut, créez-en une !


D'autres initiatives


Il est intéressant de voir que le vélo est également en train de révolutionner les pratiques de plusieurs secteurs très divers :

  • Surfant sur la vague du « slow tourisme » et du tourisme local, le vélo devient une façon de découvrir ou redécouvrir les territoires pendant ses vacances ou le temps d’un week-end ;

  • Dans le secteur des transports de marchandises et la logistique, on observe une augmentation de la vente de vélos-cargos de plus de 350% en 2020 par rapport à 2019[1] et qui a continué d’augmenter en 2021 ;

  • De nombreux professionnels (réparateurs, coiffeurs, plombiers, médecins urgentistes…) ont fait du vélo leur moyen de transport et outil principal de leur activité ;

  • Par ailleurs, quelques initiatives visant à évaluer et réduire l’impact sur l’environnement de la fabrication de vélos commencent à émerger. En effet, au-delà d’être un outil pour la décarbonation des déplacements, l’activité industrielle de production a un impact sur l’environnement : par exemple TREK a été la première marque à dévoiler en 2021 son bilan d’émissions de GES [1], ou encore Shift Cycling Culture qui a réussi à réunir plusieurs industriels du secteur autour du « Cycling industry climate commitment ».

Enfin, si cet article fait un focus sur le vélo comme solution, il fait toutefois partie d’un panel de solutions et de leviers divers à actionner, tels que :

  • La réduction de la demande de mobilité (approche de sobriété) ;

  • Le report vers la marche, mode de transport le plus vertueux, mais fortement limité en distance ;

  • L’utilisation des transports en commun, pour des grandes distances dans les zones à forte densité de population ;

  • La pratique du covoiturage, pour des grandes distances dans les zones à faible densité de population ;

  • Et enfin l’amélioration de l’efficacité énergétique des véhicules (plus légers, plus performants) et la décarbonation de leur source d’énergie (électrique, biocarburants, biogaz).


Depuis 16 ans, les consultant.e.s d'ECO2 Initiative accompagnent les collectivités, entreprises et associations pour les aider à réduire leur impact et/ou amorcer une transition plus ambitieuse. Pour plus d'informations, contactez-les : contact@eco2initiative.com




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